Under her skin

pann_porte_RedOne-4Après avoir déshabillé totalement l’intérieur de la 912, on va s’attaquer au nettoyage des pièces qui nécessiteront une reconstruction totale. C’est le cas du tableau de bord dont le sky est cuit par le soleil et a clairement passé l’âge de la retraite. C’est également le cas des panneaux de portes qui ont été découpés à la barbare pour y fixer deux enceintes… no comment.

Voilà ce que ça donne :

Les éléments métalliques sous le tableau de bord, ainsi que sur les portières et fenêtres ont été sablés, apprêtés et peints. Tous ces éléments partent chez Accroc Cuir 2 pour y recevoir un nouveau sky noir.

Le sablage… galéres & décapage

Après la lectures de kilomètres de pages web sur le sujet, je me suis lancé en achetant une sableuse chez HBM France : modèle SBC10 (cuve de 40 litres)

Premier constat, il faut un sacré débit d’air pour ne pas que la sableuse « essouffle » après 20 secondes de fonctionnement : minimum 200L/mn pour que ça fonctionne bien soit un compresseur de 3cv !!

Dans mon cas, j’ai couplé mes deux compresseurs de 2cv & 3,5cv en reliant directement la sortie du compresseur de 2cv à la cuve du 3,5cv ce qui me donne un débit théorique d’environ 400 L/mn. J’ai utilisé du sable très fin (Archifine, disponible chez Kiloutou) pour ne pas prendre de risque de déformation des tôles. En contre partie, le sablage est plus lent et impossible d’attaquer des matières épaisses ou moles (type anti-gravillon).

Je suis très content du résultat, c’est pas aussi nickel que si j’avais envoyé mes pièces chez un sableur pro, mais c’est déjà top… la rouille est totalement enlevée et je peux traiter le métal nu soit au dérouillant Phosphatant si la pièce est bien attaquée, soit directement au primaire phosphatant. C’est un peu chiant à faire (c’est long & ça en met partout) mais l’investissement n’est pas énorme & je pense me faire une cabine d’ici quelques temps pour éviter la transformation du garage en dune de sable…

Voilà ce que ça donne sur des petites pièces :

Je suis allé chez Kiloutou chercher un sac de grains plus gros pour essayer de sabler des zones plus techniques (anti-gravillon, epoxy…etc). Résultats d’ici quelques jours.

Démontage & découvertes

Le démontage commence avec Antoine qui me file un coup de main. Le volant, les sièges et les panneaux de portes facilement enlevés sont la première étape, c’est aussi la plus facile.

En dessous, c’est plus… attaqué !! Les planchers comme prévu, sont complètement morts : il y a de la rouille perforante partout. Les joints sont tous complètement secs, c’est cassant & dur à enlever. La moquette est plutôt bien conservée, elle est soigneusement mise de coté. Le reste est plutôt correct mais c’est une vrai galère de gratter l’isolant goudronné collé il y a 47ans.

Dans l’ensemble c’est plutôt une bonne surprise : les points fragiles sont moins touchés qu’on aurait pu croire, seuls les cuvettes de dessous de portières sont vraiment mal, c’est la maladie des ces voitures quasiment aucune n’est épargnée. il faudra découper.

Reste quelques vis récalcitrantes, les vis de portières repeintes ne se laissent pas toutes faire, ainsi que les vis de siège arrière… Je n’ai eu aucune pitié pour ces rebelles : à la perceuse !!!! …. ou la disqueuse…

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Dans l’ensemble la carrosserie est en bon état, seule la technique du boucher new-yorkai improvisé carrossier qui a élargie 3 des 4 ailes est a revoir !!

Maintenant qu’on y voit un peu plus clair, il va falloir commander les pièces & s’attaquer au sablage.

Le programme

Le moment tant attendu est enfin arrivé : la Red prend place au centre de son bloc-opératoire, les chandelles sont mises en place, la restauration va pouvoir commencer !! Voilà le programme (enfin le programme PRÉVU, faut voir ce qui se rajoute là dessus…).

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Démontage & nettoyage :

  • Démontage de tout l’intérieur,
  • démontage & sablage des éléments du tableau de bord et des panneaux porte & intérieur,
  • grattage de tout l’isolant goudronné qui recouvre l’intérieur de caisse,
  • démontage & sablage du pédalier,
  • inspection des trains roulants & suspensions,
  • traque des points de rouille & des défauts d’aspects sur le châssis et la carrosserie,
  • sablage de tout les éléments rouillés ou présentant des défauts d’aspect,
  • découpe des deux demi-planchers complètements HS & des zones trop rouillées,
  • démontage complet des portières & des vitres,
  • démontage de tous les joints vitres, portières & châssis,
  • dépose du réservoir de carburant,
  • dépose du faisceau électrique,
  • dépose du moteur & de la boite 901, 5 rapports,
  • sablage de la  boite,

J’attaquerai ensuite le remontage avec quelques « évolutions » :

  • Soudure des deux demi-planchers & des réparations carrosserie,
  • grattage, sablage & peinture époxy du réservoir de carburant,
  • ré-ouverture des trappes d’accès aux barres de torsion arrières,
  • application d’un nouvel anti-gravillon sur le bas de caisse et les zones décapées, sablées.
  • peinture complète en teinte d’origine “Polo Rot #6602”,
  • ajout de nouveaux amortisseurs avant & d’un kit de biellettes de directions « turbo »,
  • ajout d’une barre anti-rapprochement avant,
  • pose du nouvel isolant goudronné,
  • réfection complète du pédalier & pose d’un maître cylindre de frein double circuit,
  • réfection complète du tableau de bord et des panneaux portes & intérieur,
  • réfection du ciel de toit,
  • pose de 2 sièges baquets d’époque avec leurs glissières,
  • réfection complète et pose du faisceau électrique,
  • pose des nouveaux joints châssis,
  • repose des vitres & des portières avec tous leurs nouveaux joints.

Le moteur, quand à lui, va être stocké pour faire l’objet d’une maintenance approfondie par la suite. Dans l’immédiat, il sera remplacé par un moteur neuf plus « pêchu », construit selon la même architecture par Rudy Olivenca, plus connu dans le monde de la VW et surtout des dragsters…

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Voilà ce que peut donner un moteur « made in Rudy »…

Portland, New-york, Strasbourg & Paris

Y a pire comme trajet dans une vie de 912 !!

RedOne_backhome-2

RDV donc un beau matin à 5h du mat’ devant la gare de l’est. Direction Strasbourg avec Antoine pour récupérer ma Polo Red dont les papiers sont arrivés quelques jours avant & les plaques fraichement posées chez Art & Restoration.

Arrivés sans retard à destination, Patrick Pugin (le boss d’A&R) nous attendait pour nous faire faire les derniers kilomètres jusqu’à ses ateliers. Après le café, les recommandations & les vérifs d’usage, je prends place pour la première fois derrière le volant…

Instant à savourer…………..

 

10h, faut pas trainer si on veut avoir le temps de faire le trajet retour sans stress. Les premiers tours de roue sont magiques ! Même si elle a besoin d’une bonne restauration, cette caisse est top… le moteur marche suffisamment pour se faire plaisir et une fois la bête prise en main, les petites routes des Vosges me permettront de tester un peu le reste. Comme prévu les freins sont… d’époque… faut anticiper un peu ! Mais le châssis rattrape le coup si on doit prendre une courbe un peu plus vite que prévu : super équilibrée la voiture est ultra agile & précise, on fixe le point de corde, elle y va !!

Après une séance photo et quelques mésaventure lors du ravitaillement – impossible de relancer le démarreur après la pause + mon co-pilote avait décidé de me faire faire une séance de sport gratos (il m’avouera après quelques tentatives de poussette que la clef n’était pas enclenchée…^^) – nous sommes arrivés sur Paris.

La phase 1 est terminée… la patiente est prête, on va préparer le bloc opératoire !!

 

5 jours & 503km plus tard,

…quand on sait le peu de Porsche 912 en état correct sur le marché, qu’on en cherche une et qu’on tombe sur un tarif plus qu’intéressant : on hésite pas à faire des km !

5 jours après mon appel chez Art & Restoration, je débarque donc avec mon expert en 912 : Antoine (étant le seul à en posséder une & avoir passé quelques années à éplucher la moindre info sur le modèle… il m’a semblé qualifié pour cette mission ^^). La 1966 Polo Red venue tout droit du pays de l’oncle Sam nous attend sur le parking de l’atelier. Rapide présentation, un petit tour à l’intérieur du garage où les mécanos travaillent sur plusieurs 911 des années 60/70 et on part essayer la belle.

Malgré un moteur « dans son jus » la 912 se défend plutôt bien sur les petites routes, elle prend des tours et le bruit caractéristique du flat 4 est magique… Bien sûr, il y a pas mal de défauts à ce prix là : je garde les pieds proches de la colonne centrale et des longerons… le plancher passager ne tient plus à grand chose. Le siège passe en position inclinée à chaque accélération & les portes font un joli claquement à chaque bosse : ce qui reste des joints ressemble à de la semelle. Mais quelle gueule !!

Quelques clichés pour détailler ça à la maison et on repart pour 503km de débat & réflexion sur la route du retour.